Fièvres (synthèse par Daniel) |
"Fièvres" est un projet artistique ambitieux auquel nous travaillons régulièrement (nous=Patrick Marcel et Daniel Metge), depuis cinq ans déjà. Il est né à l'époque des zglshs. Il s'agissait alors d'une idée de concept-album musical, mais par la suite, ce projet a évolué en même temps que nos ambitions.
Nous y avons
reporté (peu ou prou) tout le fruit de nos réflexions et expériences : notre volonté
d'équilibrer le symbolique et l'ambiantique dans la musique, mais aussi nos velléités
d'expression pluri-artistique, nos souhaits d'expérimenter de nouvelles voies pour
faciliter la communication auteur-spectateur, l'interactivité au service d'une meilleure
appropriation du message par le spectateur, l'échange autour de l'oeuvre, favorisé par
sa multi-interprétabilité...
Aujourd'hui, le projet est toujours articulé autour d'une base musicale assez
avancée, mais en ce qui concerne sa mise en oeuvre, de multiples voies s'offrent à nous.
Nous réfléchissons en particulier sur la mise en spectacle et la réalisation sous forme
d'oeuvre multimédia.
A cette occasion, Franck Penven nous a rejoint, fort de son expérience dans les spectacles sons et lumières.
Grandes phases de l'élaboration de "fièvres"
Différentes discussions se sont succédées depuis le début du travail, qui ont permis d'aboutir à chaque fois à un certain nombre de résultats dans différents domaines (plusieurs thèmes ont été abordés : fond, forme, relations fond-forme, manière de le présenter...). Certaines des conclusions issues de ces réflexions peuvent être considérées comme des fondamentaux.
oct. 1994 - jan. 1998. Premières élaborations, concentration de la réflexion sur le fond
A partir de l'idée originale, et de premiers matériaux (trois morceaux : brumeuse rencontre, délires, éternité), construction d'une trame pour un concept-album autour du thème de la mort. Aucune synthèse n'avait été véritablement faite à l'époque, mais en gros personnellement je l'aurais résumée comme ceci à ce moment-là : un homme est touché par une maladie, qui provoque des crises de fièvres et de délires, et le conduisent jusqu'à l'agonie. Différentes visions de la mort qui s'approche sont abordées. Puis, au moment où l'homme meurt, on interrompt brusquement l'histoire (et l'album).
Plusieurs hypothèses ont été évoquées concernant la fin de l'album, en particulier en ce qui concerne l'intégration du morceau "éternité", qui était censé évoquer ce qui se passe après la mort, mais vu du côté des vivants.
Par ailleurs, d'autres grands principes ont été mis en place à l'époque : le principe de la narration par un personnage impliqué dans l'histoire (qu'on symbolise par le "frère Jacques", frère du malade), et l'emploi du "tu" dans les paroles lorsqu'on évoque le malade.
A l'issue de l'été 1997, de nombreux autres morceaux avaient été définis, ainsi que des transitions. L'ensemble avait été composé en cohérence (usage de motifs musicaux communs). Il manquait encore pas mal de matériel (et notamment toute la fin, c'est-à-dire l'agonie) mais le synopsis de la version musicale de fièvres était très avancé, et n'a pas évolué depuis.
oct. 1997 - nov. 1997. Discussions par e-mail sur la mise en spectacle de la version musicale
Cette série de discussions visait à préparer la mise en spectacle de "fièvres", en partant du matériel musical, et d'une réflexion plus poussée sur le sujet, les thèmes abordés et les personnages utilisés. Deux grands axes :
- une réflexion sur les moyens à mettre en oeuvre. Rapidement, la discussion a déterminé qu'une équipe complète devrait travailler pour réaliser le passage au spectacle, ce qui nécessitait une "remise à niveau" de tous les futurs participants sur le projet, et allait conduire au final à la volonté de rédiger une synthèse des travaux, permettant de présenter tout le travail déjà accompli et de poser des fondamentaux.
- une réflexion sur les méthodes à utiliser. Les différents "outils d'expression" du groupe, déjà expérimentés notamment lors du concert du chemin en mai 1997 : l'usage du symbolisme, de l'ambiance, la volonté d'utiliser plusieurs canaux de communication, et notamment un canal d'échange, l'usage de la métaphore et du méta.
Cette discussion fut longue, et fut conduite en plusieurs "lieux de discussions" virtuels : une discussion mailique sur les divergences, une autre sur les convergences, et une autre sur le travail de synthèse. A l'issue de cette série de discussions, un certain nombre de fondamentaux (ou tout du moins, qui étaient considéré à l'époque comme des fondamentaux) ont pu être déterminés : des contraintes définissant les orientations de la mise en spectacle, et des notions définies avec précision (multi-interprétabilité, décomplexification). D'autres points restaient plus en suspend : différentes solutions pour la mise en oeuvre, et l'utilisation des canaux, par exemple. A l'époque, on pense déjà que c'est l'expérimentation qui permettra de trancher.
sep. 1999 - ... . Discussions sur la mise en spectacle de la version musicale
Cette seconde importante discussion, qui s'inscrivait dans la lignée de la première, a débuté en cherchant comment poursuivre le projet, en repartant des éléments passés, et en tentant de les intégrer à notre nouvelle situation (nouvelles conditions pour poursuivre le travail, nouvelles positions artistiques, évolution de nos idées et de nos objectifs, etc...).
Le concept de "creusage de l'information" a été au centre de cette discussion jusqu'à présent : comment traiter chaque information donnée (dans un spectacle ou dans un doc pédagogique) et permettre au récepteur de la creuser, soit pour mieux s'approprier le message de l'auteur, soit pour se forger sa propre interprétation, qu'il peut ensuite confronter à celles des autres (y compris celle de l'auteur). Le concept de "lieu d'échanges" (ex : forum) associé à l'oeuvre semble désormais fondamental, ainsi que le concept de "creusage à volonté par le spectateur" (ex : hyperlien), le problème majeur consistant à trouver à ces deux concepts une instanciation dans un spectacle.
Au terme (actuel !) de la discussion, de grandes orientations semblent s'imposer :
- la nécessité d'expérimenter des solutions sur la
communication avec le(s) spectateur(s). Pour cela, le site des explorartistes
est un bon support.
- l'opportunité d'une première tentative de mise en spectacle. Franck
travaille sur un story-board.
- la mise en oeuvre sous la forme d'une oeuvre multimédia interactive et
communiquante. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'un média comme le CD-Rom
permettait de recouvrir un grand nombre de nos besoins (s'il est associé à des
éléments complémentaires, notamment un site internet pour permettre l'échange).